La Chambre syndicale des producteurs de films a pris le temps de digérer les événements de l’avant et de l'après-14 janvier, avant de se prononcer dans une conférence de presse, tenue jeudi dernier, au siège de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica). Les membres de cette chambre syndicale ont été représentés par les producteurs Hassan Daldoul, Nejib Ayed, également secrétaire général du bureau exécutif, Lotfi Layouni et Naoufel Saheb Ettabâa. Ces derniers ont pris, tour à tour, la parole pour expliquer, clarifier et répondre aux questions des journalistes. Ils ont surtout présenté deux documents : un manifeste qui exprime clairement leur position par rapport à ce que peuvent être les acquis de la révolution, ainsi qu’un rapport moral contenant les recommandations de la commission consultative nationale pour la promotion du secteur du cinéma et de l'audiovisuel. Cette commission, lancée en 2010, à l’occasion de l’Année du cinéma tunisien, a justement besoin de connaître le sort de ses recommandations, puisqu’elle a été mise en place par le régime déchu.
La démarche des producteurs de films n’est pas isolée de celle des réalisateurs et travailleurs de cinéma qui viennent de réorganiser l’Association des cinéastes tunisiens (ACT), grâce à un bureau provisoire élu le 1er févier. La chambre syndicale a, d’ailleurs, dans son manifeste, exprimé son soutien à l’ACT et promis de renforcer sa collaboration avec toutes les associations cinématographiques. Selon ses membres producteurs, leur syndicat n’a pas besoin de restructuration. «Nous avons un bureau qui travaille et dont le mandat n’a pas encore expiré», affirme Nejib Ayed qui informe qu’une assemblée générale élective aura lieu dans les quelques semaines à venir. Le manifeste des producteurs syndicalistes est venu appuyer la révolution, marquer l’appartenance à sa démarche et revendiquer, en tant que citoyens tunisiens, une nouvelle Constitution et une justice sociale plus effective. Ce manifeste stipule également l’urgence d’organiser des élections présidentielles, municipales et parlementaires libres et transparentes, ainsi que la séparation entre les partis politiques et l’Etat. De leur côté, les producteurs promettent, dans le même manifeste, d’agir en faveur de l’assainissement de l’Utica, de faire travailler les jeunes diplômés des écoles de cinéma et d’audiovisuel et d’encourager l’épanouissement du tissu associatif culturel.
Le gros morceau a été accordé à la situation du domaine cinématographique et de l’audiovisuel en Tunisie qui, «sinistré, a besoin d’une nouvelle stratégie de sauvetage et de promotion» , comme le souligne Nejib Ayed qui a lu le manifeste. Dans ce sens, le document appelle à une stratégie nationale, et pour la création et pour l’image, avec de nouveaux moyens de financement. Il va plus loin en demandant aux institutions étatiques de donner un coup de pouce réel à la distribution de la production artistique nationale, en Tunisie et à l’Etranger et insiste sur la valeur spécifique et identitaire des produits culturels, au-delà de leur valeur marchande. «Cela affecte les habitudes et le mode de vie des gens. La culture est le bouclier contre des dérives comme l’extrémisme religieux», ajoute Hassan Daldoul, en expliquant que la Tunisie, culturellement parlant, ne doit plus se contenter de «chanter et danser», mais aussi de «réfléchir». Pour lui, la culture doit se hisser au même niveau d’importance que la question politique, pour que l’on crée et exporte une image forte, dans tous les domaines. «Jusqu-là, ajoute-t-il, aucun politicien n’a évoqué de projets pour la culture». Le ministre de la Culture et l’ensemble du gouvernement provisoire ne se sont pas encore penchés sur la question, selon Nejib Ayed
La revendication d’un cahier des charges pour les télévisions tunisiennes, étatiques et privées, et d’un mécanisme leur permettant d’encourager et de diffuser d’une manière avantageuse la production artistique locale, a permis d’ouvrir la parenthèse sur la situation desdites télévisions. «Elles essayent de faire peau neuve, mais se retrouvent en donneuses de leçons», explique encore Ayed, pour qui la télévision doit exprimer l’opinion publique et non celle de ses employés. «Pour plus de professionnalisme, ajoute-t-il, la production doit être indépendante des structures de ces chaînes».
Le dernier point du manifeste a suscité un vif débat dans la petite salle au premier étage de l’Utica. Il concerne la Société anonyme tunisienne de production et d'expansion cinématographique (Satpec) et plus précisément les laboratoires de cinéma de Gammarth, qui permettaient, autrefois, aux réalisateurs tunisiens la post-production de leurs films aux moindres coûts, avant d’être cédés à la société privée "Quinta Communisations". «Nous n’avons rien contre Tarak Ben Ammar (propriétaire de la société), mais beaucoup de questions se posent autour du contrat signé dans cette affaire. Nous demandons une réouverture de ce dossier, afin que les laboratoires de Gammarth soient de nouveau au service de la production culturelle nationale», affirment les membres de la chambre syndicale des producteurs de films. Hassan Daldoul ajoute que "Quinta communications" a obtenu le marché de la numérisation des archives nationales, alors qu’elle ne bénéficie ni de l’expérience ni de la logistique nécessaires à cette importante action. Le manifeste insiste, d’ailleurs, sur l’importance de la sauvegarde des archives qui ne sont autres qu’un volet de notre mémoire nationale.
Quant au rapport moral de la commission consultative nationale pour la promotion du secteur du cinéma et de l'audiovisuel, il est le résultat d’une centaine de réunions. Le texte se penche sur trois principales questions : l’élaboration d’une stratégie nationale pour le cinéma et l’audiovisuel, un programme de réforme sur le court et le moyen terme et la création du Centre national de cinéma. Le syndicat des producteurs n’est sans doute pas le seul à s’interroger sur le sort et l’aboutissement de tout cet effort. Nous y reviendrons dans un prochain article.
La démarche des producteurs de films n’est pas isolée de celle des réalisateurs et travailleurs de cinéma qui viennent de réorganiser l’Association des cinéastes tunisiens (ACT), grâce à un bureau provisoire élu le 1er févier. La chambre syndicale a, d’ailleurs, dans son manifeste, exprimé son soutien à l’ACT et promis de renforcer sa collaboration avec toutes les associations cinématographiques. Selon ses membres producteurs, leur syndicat n’a pas besoin de restructuration. «Nous avons un bureau qui travaille et dont le mandat n’a pas encore expiré», affirme Nejib Ayed qui informe qu’une assemblée générale élective aura lieu dans les quelques semaines à venir. Le manifeste des producteurs syndicalistes est venu appuyer la révolution, marquer l’appartenance à sa démarche et revendiquer, en tant que citoyens tunisiens, une nouvelle Constitution et une justice sociale plus effective. Ce manifeste stipule également l’urgence d’organiser des élections présidentielles, municipales et parlementaires libres et transparentes, ainsi que la séparation entre les partis politiques et l’Etat. De leur côté, les producteurs promettent, dans le même manifeste, d’agir en faveur de l’assainissement de l’Utica, de faire travailler les jeunes diplômés des écoles de cinéma et d’audiovisuel et d’encourager l’épanouissement du tissu associatif culturel.
Le gros morceau a été accordé à la situation du domaine cinématographique et de l’audiovisuel en Tunisie qui, «sinistré, a besoin d’une nouvelle stratégie de sauvetage et de promotion» , comme le souligne Nejib Ayed qui a lu le manifeste. Dans ce sens, le document appelle à une stratégie nationale, et pour la création et pour l’image, avec de nouveaux moyens de financement. Il va plus loin en demandant aux institutions étatiques de donner un coup de pouce réel à la distribution de la production artistique nationale, en Tunisie et à l’Etranger et insiste sur la valeur spécifique et identitaire des produits culturels, au-delà de leur valeur marchande. «Cela affecte les habitudes et le mode de vie des gens. La culture est le bouclier contre des dérives comme l’extrémisme religieux», ajoute Hassan Daldoul, en expliquant que la Tunisie, culturellement parlant, ne doit plus se contenter de «chanter et danser», mais aussi de «réfléchir». Pour lui, la culture doit se hisser au même niveau d’importance que la question politique, pour que l’on crée et exporte une image forte, dans tous les domaines. «Jusqu-là, ajoute-t-il, aucun politicien n’a évoqué de projets pour la culture». Le ministre de la Culture et l’ensemble du gouvernement provisoire ne se sont pas encore penchés sur la question, selon Nejib Ayed
La revendication d’un cahier des charges pour les télévisions tunisiennes, étatiques et privées, et d’un mécanisme leur permettant d’encourager et de diffuser d’une manière avantageuse la production artistique locale, a permis d’ouvrir la parenthèse sur la situation desdites télévisions. «Elles essayent de faire peau neuve, mais se retrouvent en donneuses de leçons», explique encore Ayed, pour qui la télévision doit exprimer l’opinion publique et non celle de ses employés. «Pour plus de professionnalisme, ajoute-t-il, la production doit être indépendante des structures de ces chaînes».
Le dernier point du manifeste a suscité un vif débat dans la petite salle au premier étage de l’Utica. Il concerne la Société anonyme tunisienne de production et d'expansion cinématographique (Satpec) et plus précisément les laboratoires de cinéma de Gammarth, qui permettaient, autrefois, aux réalisateurs tunisiens la post-production de leurs films aux moindres coûts, avant d’être cédés à la société privée "Quinta Communisations". «Nous n’avons rien contre Tarak Ben Ammar (propriétaire de la société), mais beaucoup de questions se posent autour du contrat signé dans cette affaire. Nous demandons une réouverture de ce dossier, afin que les laboratoires de Gammarth soient de nouveau au service de la production culturelle nationale», affirment les membres de la chambre syndicale des producteurs de films. Hassan Daldoul ajoute que "Quinta communications" a obtenu le marché de la numérisation des archives nationales, alors qu’elle ne bénéficie ni de l’expérience ni de la logistique nécessaires à cette importante action. Le manifeste insiste, d’ailleurs, sur l’importance de la sauvegarde des archives qui ne sont autres qu’un volet de notre mémoire nationale.
Quant au rapport moral de la commission consultative nationale pour la promotion du secteur du cinéma et de l'audiovisuel, il est le résultat d’une centaine de réunions. Le texte se penche sur trois principales questions : l’élaboration d’une stratégie nationale pour le cinéma et l’audiovisuel, un programme de réforme sur le court et le moyen terme et la création du Centre national de cinéma. Le syndicat des producteurs n’est sans doute pas le seul à s’interroger sur le sort et l’aboutissement de tout cet effort. Nous y reviendrons dans un prochain article.