vendredi 4 février 2011

Les cinéastes se prononcent sur l’ACT new-look


Pour une représentativité effective

Pour une représentativité effective
La date du 1er février aura été une date charnière pour tous les cinéastes tunisiens. L’élection d’un bureau transitoire pour préparer une assemblée générale élective de l’Association des cinéastes tunisiens (ACT) a constitué un moment historique. Longtemps sous la coupe de Ali Labidi, elle a perdu toute représentativité et toute présence dans le paysage, laissant un vide énorme aussi bien dans ce qu’on appelait l’inter-associative (Fédération des ciné-clubs et Fédération des cinéastes amateurs), mais aussi dans le tissu syndical.
Avec, et malgré leurs divergences, les cinéastes se sont donc réunis, ont discuté et se sont mis d’accord pour être enfin représentés par la même structure qui les a réunis jadis.
Voici quelques impressions des participants à cette assemblée qui a été marquée par l'absence de Ali Labidi, ancien président de l'ACT.

Néjib Ayad (producteur)

L’Association des cinéastes tunisiens est un énorme acquis qui a permis avec les ciné-clubs et les cinéastes amateurs de contribuer à ce que le cinéma évolue et se développe. L’association des trois structures représentait une réelle force de pression et de proposition. Tout cela a été perdu durant les nombreux mandats de Ali Labidi à la tête de l’ACT, et sa place dans le paysage cinématographique est devenue désespérément vide.
Sa reprise le 1er février avec cette assemblée, qui a réuni  toutes les générations confondues, est un exploit en soi, les cinéastes reprennent leur association qui leur revient de droit. L’ACT va reprendre son rôle de partie de négociations sur tout ce qui se rapporte au secteur cinématographique et audiovisuel et réintégrer toutes les commissions professionnelles, organisationnelles et de réflexion sur le métier. C’est maintenant qu’on va procéder à faire un réel inventaire des cinéastes, réfléchir sur les objectifs  de l’association et préparer des propositions et des projets qui seront soumis à l’assemblée générale dans six mois… En somme,  l’ACT va jouer enfin son rôle.

Moshah Kraïem (cinéaste)

On a décidé d’assainir l’ACT, on voulait le faire bien avant et à plusieurs reprises, mais Ali Labidi était intouchable. En octobre dernier, on a essayé de négocier avec le président, l’invitant à réunir tous les cinéastes et à trouver une solution à notre association qui a été vidée de ses adhérents légitimes à coups d’assemblées électives organisées dans la clandestinité (pratique très connue: communiquer la tenue d’une assemblée générale sans préciser ni la date, ni l’horaire, encore moins le lieu).
Suite à la réunion du 25 janvier, appel a été lancé à tous les cinéastes pour une assemblée générale élective  d’ un bureau provisoire et tout le monde à répondu à l’appel. Cet élan de solidarité et d’enthousiasme est dû au fait que nous en avions marre tous de la clandestinité et des pratiques douteuses de l’ex-président de l’ACT qui datent de 1987, une attitude qui n’a fait que marginaliser les cinéastes et mettre l’ACT en veille sans projets, sans propositions, sans perspectives et sans avis sur le cinéma.
Ce qui s’est passé le 1er février est extraordinaire, puisqu'on a mobilisé tout le monde, venus de tous bords et réussi à récupérer l’ACT.

Salma Baccar (cinéaste)

On voulait faire les choses dans la légalité absolue. Aussi, l’assemblée et le vote se sont-ils déroulés en présence de deux huissiers-notaires. Récupérer l’ACT était une urgence, comme tout autre secteur dans le pays. Pour ceux qui pensent que ce que nous avons fait est illégal, je dis que notre action puise sa légitimité dans sa base que sont les 300 personnes présentes et les 150 cinéastes signataires de l’appel du 25 janvier. Et de toute façon, nous avons élu un bureau provisoire qui préparera l’assemblée générale dans six mois. Une rencontre avec le nouveau ministre de la Culture est pour bientôt. Certains m’ont reproché mon attachement à l’ACT, m’accusant de nostalgie. A ceux-là je dis que l’ACT c’est des acquis énormes et des principes que nous devons défendre tous. C’est  une association qui nous représente dans notre ensemble, malgré les divergences et les différences. Les Ali Labidi ne peuvent pas parler en notre nom, on a été assez humiliés et pendant longtemps. Notre bureau actuel est représentatif avec les jeunes qui prennent les devants, il répond aux attentes d’aujourd’hui et puise sa force dans sa base, c'est-à-dire nous tous.

Marwane Meddeb (documentariste)

Le bureau actuel, formé de 9 personnes, va entamer illico presto une procédure judiciaire contre Ali Labidi pour récupérer tout le patrimoine de l’ACT en archives, documents … réunir encore une fois les cinéastes, procéder à l’information et vendre les cartes d’adhésion et organiser des rencontres pour réfléchir  sur notre association, sa restructuration, renouer avec les partenaires, réintégrer les commissions qui décident de notre sort, travailler pour des projets afin de gérer le métier avec toutes ses composantes.

Moncef Taleb (ingénieur du son)

Après des discussions et le vote pour trancher entre les différentes propositions, le bureau a été élu pour une période transitoire de six mois. Mais la question qui se présente à nous aujourd’hui est de savoir la place qu’aura l’ACT dans un paysage qui a vécu des changements. A mon avis, elle se doit de trouver sa place avec les autres associations cinématographiques, mais aussi se positionner auprés du syndicat des producteurs et celui des techniciens. Tout cela remet en question le vide qu’il y avait avant et me force à m'interroger sur ce qu'il en sera du projet de réforme du cinéma lancé par le ministère de la Culture l’année dernière. Serait-il remis en question aujourd’hui, puisque une structure de taille est revenue en force sur le terrain ?

Le nouveau bureau directeur de l’ACT

Répartition des tâches


Le nouveau bureau directeur provisoire de l’ACT s’est réuni, hier matin à la maison de la culture Ibn Khaldoun, et a procédé à un vote interne pour répartir les tâches qui se présentent comme suit :
Président : Mounir Baâziz
Vice-président : Amine Chiboub
Secrétaire général : Mohamed Ali Okbi
Trésorière : Chiraz Bouzidi
Secrétaire général-adjoint (chargé de la communication) : Bahri Ben Yahmed
Secrétaire général-adjoint (chargé des relations avec les associations) : Marouène Meddeb
Membres : Maroua Rekik, Ghanem Ghaouar, Anis Lassoued

Ali Labidi se prononcera quand même

Nous avons essayé de recueillir les propos de Ali Labidi, le président "déchu" de l'Association des cinéastes tunisiens à propos de l'assemblée générale extraordinaire élective de l'ACT tenue le mardi dernier, à la maison de culture Ibn-Khaldoun, et qui a abouti à l'élection d' un bureau provisoire. Ce cinéaste, qui était malheureusement sur la route (venant de sa ville natale Rdeyef), n'était pas en mesure de répondre dans l'urgence à nos questions, d'autant qu'il semblait en colère contre ceux qu'il a qualifiés de "putshistes" ( les membres du bureau et les 300 électeurs).
Notre désir de compléter ce mini dossier par son point de vue émane de notre souci d'impartialité dans la couverture de ces élections et de mettre nos lecteurs au fait de la situation. Ali Labidi nous promet quand même de nous faire parvenir sa réaction et sa position sur un évènement qui a dominé la scène culturelle et cinématographique ces derniers jours.
Auteur : Propos recueillis par Asma DRISSI
Ajouté le : 04-02-2011

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire